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Continuité plus que rupture ?

A titre individuel, difficile de dire si au quotidien nos interventions humaines sont conciliables avec le bien-être de nos équidés.  Amour et passion suffisent-ils à s’assurer du bien-être des équidés? Manque de connaissance, considérations économiques ou objectifs sportifs peuvent parfois occulter l’essentiel … sans oublier notre inclination naturelle à l’anthropomorphisme susceptible de prendre le relai.

Jump éthique a vocation à se focaliser sur le respect des besoins fondamentaux des chevaux, les fameux 3F : Friends, Food, Freedom.
En se focalisant sur ces 3 points essentiels, pas de biais possibles, pas de définition subjective du bien-être animal. Garantir les fondamentaux c’est s’assurer de respecter l’intégrité de l’animal quel que soit les rapports que l’on entretient avec lui. Respecter l’animal en tant que tel au-delà de toute autre considération. 

En cela nous considérons que nous ne faisons pas la promotion d’une approche innovante. Au contraire les objectifs de l’association s’inscrivent dans la directe ligne de l’histoire de nos rapports multi séculaires au cheval. Plus proche de nous encore, l’association souhaite s’inscrire dans la tradition équestre française.  

L’équitation de tradition française est inscrite en 2011 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Si l’on en croit l’UNESCO, : “L’équitation de tradition française est l’art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval“. 

Cette mise en valeur de l’équitation de tradition française a été fortement critiquée, en raison de la contradiction entre la définition de l’UNESCO et la pratique contemporaine vu dans les carrés de dressage ou les carrières d’obstacles. Les critiques y voyaient une mise sous cloche d’une tradition perdue. 

Pour Jump éthique cette inscription à l’UNESCO marque la reconnaissance d’une tradition française équestre qui traverse les siècles et sait se moderniser et s’enrichir des apports de ses maîtres successifs ? Plutôt que de s’opposer, Jump éthique propose de raccrocher les wagons avec notre tradition pour mieux se diriger vers l’avenir. 

D’après la définition de l’UNESCO, l’équitation à la française obéit à plusieurs règles

  • Les principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et l’humeur du cheval.
  • La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et respect du cheval.
  • La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices.

Jump éthique souhaite se rattacher à cette définition et l’étendre aux conditions de vie proposées à nos chevaux : du cheval de Grand prix, au poney de club. Quoi d’autre que de militer pour l’harmonie des relations entre l’homme et le cheval à la lumière des connaissances éthologiques équines qui se sont étoffées ces dernières décennies et ainsi prôner le respect des besoins fondamentaux : foin à volonté, liberté et contacts sociaux. 

Alors qu’elle est notre raison d’être ?

Mettre à niveau nos compétences équestres avec nos connaissances équines au bénéfice du bien être des équidés. Ces deux segments doivent évoluer de concert. Il nous faut aujourd’hui permettre aux connaissances scientifiques d’être un tremplin pour améliorer bien être équin et la performance.  

Démocratisation de l’équitation, exigences de réussites de propriétaires parfois plus soucieux des résultats de leurs chevaux que des moyens d’y parvenir, manque de formation des enseignants, et rentabilité économique des structures nous ont parfois fait perdre de vue la direction donnée par l’équitation de tradition française.

Pour lui rendre ses lettres de noblesses réfléchissons collectivement au modèle économique qui permettra de garantir une harmonie des relations hommes/cheval respectueuses des besoins fondamentaux de chacun. Pour que l’équitation de tradition française soit vivante et non un vestige d’un passé révolu, pour que tradition rime avec modernité soyons une nation du cheval qui arrive à allier de manière unique approche équestre et équine au bénéfice de nos chevaux et de notre passion. La perspective des Jeux Olympiques de 2024 est une aubaine inédite qui doit nous permettre de décupler nos efforts ! A nous tous membre de la filière de montrer au monde que la richesse de l’élevage français, de nos athlètes chevaux et cavaliers et de nos écoles d’équitation sont à la hauteur des enjeux contemporains auquel est soumis notre sport. 

Aurelie Dressayre